D’ordinaire, quand je fais l’acquisition d’un jeu, qu’il soit rétro ou next gen, il me le faut complet et en parfait état (voire neuf). Mais parfois, à l’image de la VOD (vidéo à la demande) ou à l’achat de jeu dématérialisé sur des plateformes de téléchargement légal (PSN, XBLA, Steam, App Store), je craque sur des jeux rétro en loose (sans emballage) quand je tombe sur une opportunité, que le prix est dérisoire ou flirte avec la gratuité. Après la Fast Food, je me suis mis au Fast Game, bouleversant mes habitudes de consommation vidéoludique (mais en matérialisé). C’est ce qu’il s’est passé avec cette cartouche orpheline du jeu “The Castlevania Adventure” pour Game Boy… vous savez cette grosse console portable monochrome dont le slogan disait: “Vous jouez où avec le vôtre?“
La cartouche "The Castlevania Adventure" sur Game Boy
J’avais joué à ce jeu il y a très très très longtemps (oui très), certainement à sa sortie en 1989 en France, et j’avais envie de m’en refaire une partie malgré le souvenir d’une réalisation graphique très épurée (qui a dit limitée?) et d’une difficulté accrue, la faute à un gameplay très rigide (qui a dit limité?). L’occasion de remettre sur la table l’éternel débat sur la difficulté des jeux d’antan et d’aujourd’hui… ou d’avoir simplement l’envie masochiste de souffrir sur le même jeu 20 ans après. Un peu des deux en fait.
Boîte et screenshots du jeu
Dans ce jeu de plateforme traditionnel édité par Konami, vous pourrez simplement sauter et donner des coups de fouets (upgradables pour lancer des boules de feu) pour défaire les monstres vous barrant le chemin jusqu’au Conte Dracula caché au dernier étage de son château. Le scénario tient sur un poil de fesse de chauve-souris puisque Dracula a une fois de plus été ressuscité, mais croyez-moi toute votre attention sera monopolisée par l’envie désespérée de finir chacun des 4 niveaux vous menant au boss final. Du coup, je me demande si je vous ai convaincu d’essayer ce classique Game Boy.
Samedi dernier je découvre dans ma boîte aux lettres une grande enveloppe ultra protégée renfermant un morceau du “Saint Graal” pour tout fan de Capcom et de jeu vidéo qui se respecte. Un autre fantasme qui se réalise en la présence de cette dédicace de Yoshiki Okamoto arrivée à la maison.
Pour les jeunes joueurs qui n’auraient aucune idée de ce que représente ce nom japonais, je ferai une petite séance de rattrapage. Yoshiki Okamoto est né en 1961 et a contribué ces 20 dernières années à créer, produire et/ou participer à des jeux emblématiques de Konami et Capcom, voire tout simplement des titres cultes ayant construit l’histoire du jeu vidéo. Les flyers du dessous (Gyruss, Final Fight, Side Arms, 1942, Forgotten Worlds, etc.) correspondent à des jeux sortis tout droit de l’imagination fertile de Yoshiki Okamoto (usant parfois du pseudo Kihaji Okamoto), mais il fut également producteur sur de très nombreuses licences de Capcom telles que Rockman, Star Gladiator, Vampire Savior, Marvel Vs. Capcom, Bio Hazard, The Legend of Zelda (Oracles of… & Four Swords) et bien d’autres encore consultables sur ce lien.
Yoshiki Okamoto a donc travaillé chez Konami de 1981 à 1983, société qu’il quittera en mauvais terme pour des divergences d’opinions (créant entre autre le shmup Time Pilot alors qu’on lui avait commandé un jeu de voiture qu’il estimait inintéressant). Il rentrera chez Capcom en 1984 et son nom sera associé à presque tous les titres ayant fait la renommée du célèbre éditeur. Mais en 2005 Okamoto s’émancipe en quittant Capcom et créant sa propre société Game Republic reconnue pour ses jeux Genji: Dawn of the samurai (Playstation 2), Folklore/Folk Soul (Playstation 3), Catan (PSN & XBLA) & Dragon Ball Origins (Nintendo DS).
Monsieur Okamoto est donc une légende vivante pour tout fan de jeu vidéo s’intéressant à l’histoire du média et à son évolution. Pour information, à son arrivée chez Capcom il recruta Akira Yasuda (connu sous le pseudo Akiman), célèbre character designer que je vénère intimement lié à la réussite graphique de nombreux jeux (Street Fighter II, Final Fight, Side Arms, etc.). Une grande partie des travaux d’Akiman pour Capcom sont visibles sur ce lien, et j’espère également qu’un jour il me fasse une somptueuse dédicace. Mais aujourd’hui je me satisfais pleinement de ce dessin/dédicace de monsieur Yoshiki Okamoto (voir la photo ci-dessous) et vous préconise de lire l’interview du bonhomme faite par Pix’n Love et étalée en 3 parties riches en anecdotes dans les volumes 7, 8 & 9 du mook. Bonne lecture.