Mega-CD… ou ma madeleine de Proust
Voila, c’est un fantasme de fanboy qui se réalise, après avoir été tellement désiré ce “Mega CD” japonais est enfin mien, grâce à ce que le facteur m’a apporté ce matin, un colis incluant la console et 4 jeux. Mais pour mieux me comprendre, il faut retourner en 1991; à cette époque seuls quelques magazines tels que Player One, Joypad ou Consoles + informent les joueurs français de l’actualité vidéoludique japonaise car Internet n’est accessible qu’à très peu de privilégiés dans notre beau pays (il faut un équipement informatique et les abonnements des FAI sont prohibitifs). De surcroît les gamers se focalisent énormément sur l’import, plus de la moitié de la production jeux vidéo japonaise ne connaissant pas de traduction et localisation française/européenne. Et pour couronner le tout, les jeux commercialisés officiellement en France sont modifiés pour correspondre à notre standard TV, passant du 60 Hertz original à du 50 Hertz aboutissant à des jeux plus lents et des images “écrasées” provoquées par l’ajout d’horribles bandes noires en haut et bas de l’écran. Eh oui, en 1990 le joueur passionné n’a pas la vie facile, et du coup se rabat sur l’import quand il a les moyens et qu’il habite à Paris ou n’a que ses yeux pour pleurer et rêver en fantasmant sur les encarts import de la presse spécialisée du moment. ^^
Pour ma part, partageant cette passion commune avec mes 2 potes irréductibles Ronan & Nico, nous arrivions tant bien que mal à nous procurer de l’import SEGA, Nintendo, NEC et SNK dans les boutiques de jeux vidéo de La Rochelle, mais à quel prix. C’était ça ou les pages de pub de boutiques parisiennes dans les magazines spécialisés. Bref, quand les premiers visuels de cette extension CD-rom pour Megadrive et les clichés des jeux déboulèrent dans la presse, ce fut un rêve inaccessible de plus. Après l’annonce de la machine incroyablement sexy, les photos de jeux en développement s’enchainèrent à un rythme effréné, Road Avenger (Road Blaster FX), Sonic CD, Night Trap, Sol Feace, Ernest Evans (j’étais fan d’El Viento ), autant de titres contribuant un peu plus à ma frustration.
Je n’attendais qu’une chose, une annonce officielle de la commercialisation en France de cette machine révolutionnaire (oui, je sais je n’étais pas très objectif à l’époque). Et ce jour arriva, mais l’annonce fut loin de me satisfaire, puisqu’au de-là d’un prix de vente extraordinairement élevé, les joueurs européens allaient jouer sur le nouveau modèle (au look plus cheap, plus plastoc, plus moche et moins cher à la fabrication) du Mega CD: j’ai nommé le Mega CD 2! Exit le look mortel et le tiroir qui s’éjecte, place à un gros morceau de plastique optimisé pour la Megadrive 2, et sur lequel il faut rajouter une cale disgracieuse supplémentaire pour y installer une Megadrive 1ère génération. Le monde impitoyable du jeu vidéo était trop injuste et s’acharnait sur nous, pauvres joueurs européens. Mais parce que j’étais jeune, insouciant et influençable j’ai travaillé tout un été à vendre des chichis sur la plage pour me payer un Mega CD 2 d’occasion et en loose (et sans cale). La loose totale. Mais j’aurai ma revanche…
Après l’engouement des premières semaines, le Mega CD 2 branché à ma Megadrive révéla rapidement ses points négatifs en terme de vidéo, détail important quand le gameplay d’un jeu mise tout sur les vidéos (Night Trap, Road Avenger, Corpse Killer, Tomcat Alley, etc.). Je criai presque au scandale mais était d’une mauvaise foi absolue devant mes potes, cherchant à communiquer mon (faux) enthousiasme devant la beauté terne et pixelisée des cinématiques dans des fenêtres réduites. Mais le problème de la vidéo mis de côté, j’étais vraiment fan de Road Avenger, Sonic CD, l’incroyable The Terminator (et ses musiques de Tommy Tallarico) différent du mauvais épisode Megadrive, Silpheed, et bien d’autres titres mais qui ne furent pas légion face à tous les jeux destinés exclusivement au marché japonais. Malgré cela, je restais intimement convaincu que quitte à avoir un Mega CD, il me fallait posséder le modèle japonais “front loading”, surtout après avoir vu à l’époque dans une scène du film “Sliver” un Sega CD “front loading”, le summum de la cool attitude.
Donc voila, ce jour est enfin arrivé presque 20 ans plus tard, ma Megadrive japonaise neuve n’est plus orpheline et je l’affirme bien haut:
“je t’ai bien eu ô esprit malin du jeu vidéo, vil persécuteur des joueurs passionnés!”
Une bien belle histoire qui me rappelle bien des souvenirs…
D’ailleurs au passage, merci à toi (et Ronan et Nico) pour m’avoir fait profiter de tout ça
Aah Ernest Evans
Bon , j’avoue le jeu Ernest Evans était tout pourris contrairement à El Viento, mais bon il y’avait de vrais dessins animés… en très très peu de couleur.
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